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Artiste

Angel Parra

La plus chilienne des artistes chiliennes, l’artiste la plus universelle du Chili, est née dans le Sud du pays, à San Carlos, près de Chillan, d’une mère paysanne et d’un père instituteur, qui enseigna la musique. Dans une famille nombreuse, toujours à la recherche d’un travail, elle vécut une enfance pleine de couleurs et de saveurs. Pablo Neruda prétendait qu’à son baptême, le prêtre aurait élevé une grappe de raisins et prophétisé : « Treille tu es, vin triste tu deviendras… ». Le même poète écrivit ensuite : « Sainte Violeta, tu es devenue guitare, dont les cordes sont des lames qui étincellent sous la lune… tu es devenue peuple, colombe sauvage, trésor caché». Puis l’ «anti-poète» Nicanor Parra, son frère aîné, enchérit : « On t’accuse de toute sorte de choses. Moi qui te connais, je te dis qui tu es : un agneau déguisé en loup ! ».

Cette petite femme dotée d’un caractère volcanique, d’une tristesse violette, d’un humour corrosif, était multiple, instinctive et volontaire. Et une artiste totale : musicienne, poète, peintre, sculpteur et tapissière, elle créa avec trois fois rien, une imagination débridée et une sensibilité à fleur de peau.
Violeta des Andes a chanté dès sa prime jeunesse. Elle a chanté dans les rues, tavernes, théâtres et cabarets, aux cirques et au champ, sur les places, dans les bateaux, trains et stades. Elle a chanté pour protester, mobiliser, remémorer, séduire, oublier, rire et pleurer. Elle a chanté pour semer le trouble et pour faire la paix. Avec un talent musical inné et une magie rythmique qui ne craint pas la dissonance, elle a chanté pour remercier la vie, mais aussi parce qu’elle sentait rôder la mort.
Dès le début des années cinquante, elle entreprit son pèlerinage d’un bout à l’autre du pays, jusque dans les terres les plus reculées, où la musique paysanne, si fertile, se transmettait de père en fils, sans trace écrite. Munie de sa guitare, d’un cahier, de crayons et d’un magnétophone, l’infatigable voyageuse répertoriait les airs du folklore national, dépourvus de toute facilité ou de pittoresque. Elle en distillait l’essence, l’âme du peuple, l’authentique héritage, et sauva ainsi la tradition menacée, la musique du Chili.

Aujourd’hui, plus de quarante ans après sa disparition, l’artiste semble enfin avoir trouvé la reconnaissance qu’elle mérite : en 2010, l’année du bicentenaire de la République du Chili, s’ouvrira, à Santiago, le Musée Violeta Parra au Centre patrimonial Recoleta Dominica. En attendant cet événement, on peut admirer une partie de son oeuvre plastique au Centre culturel de la Moneda, où un espace lui est consacré depuis décembre 2007.
Ruth Valentini