On ne refait pas l'histoire sur scène, on la vit.
Cette maxime est plus vraie encore pour les Rageous Gratoons, groupe bordelais formé en 95 pour qui la scène est un lieu de vie, un lieu de rencontre et de partage. "In Concierto Live", leur 5ème production, leur 5ème auto-production pour dire les choses crûment est un bout de cette histoire. Principalement enregistré en janvier 2007 lors d'un concert au BT 59 de Bégles, salle de cette ville siamoise de Bordeaux, ce live ponctue 2 ans de tournée comme un point posé après un peu moins de 150 concerts en France et à l'étranger, comme un poing levé pour signifier le trop plein de plaisir en fin de show.
On ne refait pas l'histoire sur scène, on la vit. L'Histoire des Rageous, elle, a démarré il y a une douzaine d'années. Gratons Rageurs à leur début, ils imaginaient des spectacles pour enfants aux sonorités rock. Très vite devenus adultes, leurs spectacles ont déteint sur leurs créateurs. D'un revers de Manche, ces Gratons Rageurs ont viré Rageous Gratoons, croisant sur scène et en studio trad', ska acoustique, polka des Balkans, riffs de la Méditerrannée...
Cinquième rondelle des Rageous, ce In Concierto live est une nouvelle « autoprod » comme on dit dans le métier, histoire de dire que ce groupe n'a jamais laissé à d'autres le privilège de tirer ses plans sur la comète. C'est leur petite entreprise, leur tambouille et comme pour la musique, ce sont eux qui choisissent les ingrédients. Eux, qui dosent, pétrissent, enfournent. Faut dire que chez les Rageous, ça bouillonne vite. Ces 6 musiciens aux horizons différents aiment confronter leurs influences (folk, rock, psychobilly, afro, orientales) et leurs idées, ouvrir des portes, prendre le large sans réellement savoir où le vent les mènera.
Palme Barbatesti, une complainte traditionnelle roumaine chantée par Olivier (le seul inédit) ouvre l'album comme les concerts. Le décor est posé. Les musiciens peuvent prendre place. Joueurs de vielle à roue, contrebasse, batterie, guitare, mandoline, accordéon, harmonium, sax, violon, gralla et cymbalum ne se font pas prier. La machine est lancée dans un tourbillon qui n'a rien à envier aux sons circulaires et incisifs de la vielle à roue des premières mesures d'Himba, le titre suivant. Parfois, quelques textes recentrent le propos des Rageous au coeur de notre monde, l'interrogeant, le questionnant.
Himba, inspiré par un peuple de Namibie parle en termes explicites des risques industriels. Reste ici revient sur le calvaire enduré par un ami du chanteur accusé d'un délit qu'il n'avait pas commis. Il est aussi question de capitalisme sauvage, de nucléaire, de salaud, de voyages, d'errances, de vampires, de vaudou et même d'amour. Les Rageous grattent là où ça fait mal. Responsables, ils s'inquiètent du devenir de l'espèce humaine, de l'avenir de notre monde. Merci à eux.
Baba Squaaly